Libellules et demoiselles, souvent confondues, appartiennent au même ordre d’insectes : les Odonates. Similaires en beaucoup de points, on les différencie aisément par leurs ailes : les libellules (Anisoptères) ne peuvent les rabattre, les gardant perpendiculaires à leur corps, alors que les demoiselles (Zygoptères) les ferment au repos. Cet ordre possède des aptitudes de vol hors pair – à l’inverse d’autres espèces volantes, les Odonates peuvent voler en arrière, en diagonale, latéralement et même sur place, grâce à leur capacité de mobiliser leurs deux paires d’ailes séparément – en faisant d’excellents chasseurs au stade d’imago (adulte volant).
Ces maîtres de l’air débutent leur vie dans l’eau, où ils pondent leurs œufs, à l’instar de nombreux insectes. Ils y demeurent tout au long de leur stade larvaire, se nourrissant de larves d’insectes (moustiques entre autres), et même de têtards et d’alevins ! Parmi les genres les plus communs sur les rives du Léman se trouvent les ischnures (demoiselles) ou encore les aeschnes et les sympétrums (libellules).
Leur présence dans des milieux aquatiques est un remarquable indicateur de santé. Autour du Léman, les roselières et les herbiers sous-lacustres (dont la partie submergée sert de support aux œufs et aux larves), ainsi que certains sites où les Odonates pondent dans la boue contribuent à leur maintien. À l’inverse, l’artificialisation de ces milieux (enrochements, murs bétonnés), un niveau d’eau trop faible (éclusées trop fortes), le piétinement des berges (accès à la baignade, promenade, etc.) et la pollution sont autant de menaces pesant sur les Odonates. Les actions menées pour restaurer les rives dans leur état naturel favorisent le repeuplement de la biodiversité. Ainsi, la réserve naturelle des Grangettes près de Villeneuve (Vaud) abrite actuellement 34 espèces et celle de la Pointe-à-la-Bise (Genève) en abrite 18. Malgré ces efforts de protection, émanant des deux côtés de la frontière, environ 50% des espèces lémaniques restent menacées.
📷 : © Sympétrum strié (Marc Solari)