N°67 : Froid de canard

𝘊’𝘦𝘴𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘭𝘦 𝘦𝘵 𝘶𝘯 𝘤𝘢𝘯𝘢𝘳𝘥. 𝘓𝘢 𝘱𝘰𝘶𝘭𝘦 𝘥𝘪𝘵 𝘢𝘶 𝘤𝘢𝘯𝘢𝘳𝘥 : « 𝘉𝘳𝘳…. 𝘐𝘭 𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘶𝘯 𝘧𝘳𝘰𝘪𝘥 𝘥𝘦 𝘤𝘢𝘯𝘢𝘳𝘥 ! » « 𝘔’𝘦𝘯 𝘱𝘢𝘳𝘭𝘦 𝘱𝘢𝘴, 𝘫’𝘢𝘪 𝘭𝘢 𝘤𝘩𝘢𝘪𝘳 𝘥𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘭𝘦 ».

Depuis une dizaine de jours, le Léman est sous l’influence d’une vaste dépression qui nous maintient dans une masse d’air maritime polaire. Autrement dit, ça caille. L’espèce (la Caille) est pourtant partie depuis belle lurette passer l’hiver là où il fait meilleur. L’expression se rapporte en fait au verbe cailler qui signifie : « figer le sang » situation arrivant par très basses températures, par… 𝗳𝗿𝗼𝗶𝗱 𝗱𝗲 𝗰𝗮𝗻𝗮𝗿𝗱 !

À l’automne, alors que la Caille des blés s’envole de nos campagnes, de nombreux oiseaux aquatiques viennent passer l’hiver sur le Léman. (𝘝𝘰𝘪𝘳 60𝘴 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘰𝘪𝘴𝘦𝘢𝘶𝘹 𝘩𝘪𝘷𝘦𝘳𝘯𝘢𝘯𝘵𝘴). 𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗳𝗼𝗻𝘁-𝗶𝗹𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝘀𝘂𝗽𝗽𝗼𝗿𝘁𝗲𝗿 𝗹𝗲 𝘁𝗲𝗺𝗽𝘀 𝗴𝗹𝗮𝗰𝗶𝗮𝗹 ? Le métabolisme des oiseaux possède différents mécanismes qui leur permettent d’affronter les grands froids.

Le plumage est l’un d’entre eux. 𝗟𝗲𝘀 𝗼𝗶𝘀𝗲𝗮𝘂𝘅 𝗽𝗼𝘀𝘀𝗲̀𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗽𝗿𝗶𝗻𝗰𝗶𝗽𝗮𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲𝘂𝘅 𝘁𝘆𝗽𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗽𝗹𝘂𝗺𝗲𝘀 : les plumes 𝘱𝘦𝘯𝘯𝘦𝘴 englobant les 𝘳𝘦́𝘮𝘪𝘨𝘦𝘴 (plumes des ailes) et les 𝘳𝘦𝘤𝘵𝘳𝘪𝘤𝘦𝘴 (plumes de la queue) servent au vol. Elles ne jouent pas de rôle thermique. Les plumes 𝘵𝘦𝘤𝘵𝘳𝘪𝘤𝘦𝘴 désignent, elles, le manteau thermorégulateur de l’oiseau. Il se compose de deux couches : des grandes plumes à l’extérieur 𝗿𝗲𝗰𝗼𝘂𝘃𝗿𝗲𝗻𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗰𝗼𝘂𝗰𝗵𝗲 𝗱𝗲 𝗱𝘂𝘃𝗲𝘁 (relativement épaisse chez les oiseaux aquatiques) composée de plumes petites et légères.

Sous les plumes se trouve 𝗹𝗮 𝗽𝗲𝗮𝘂 de l’animal. Celle-ci possède un derme (partie sous l’épiderme) souvent 𝗰𝗵𝗮𝗿𝗴𝗲́ 𝗲𝗻 𝗴𝗿𝗮𝗶𝘀𝘀𝗲. En plus de tenir chaud, le stockage de graisse constitue une ressource énergétique lorsque la nourriture se fait plus rare.

L’épais manteau de plumes recouvre presque tout le corps des oiseaux, lui assurant une 𝘁𝗲𝗺𝗽𝗲́𝗿𝗮𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗰𝗼𝗿𝗽𝗼𝗿𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗱’𝗲𝗻𝘃𝗶𝗿𝗼𝗻 𝟰𝟭°. Cependant, les observateurs.trices attentifs.ves feront remarquer que les pattes ne sont pas enveloppées.

Chauffer ses pattes occasionnerait une grande perte d’énergie pour l’oiseau. I𝗹 𝗮 𝗱𝗼𝗻𝗰 𝗱𝗲́𝘃𝗲𝗹𝗼𝗽𝗽𝗲́ 𝘂𝗻 𝗺𝗲́𝗰𝗮𝗻𝗶𝘀𝗺𝗲 𝗱’𝗲́𝗰𝗵𝗮𝗻𝗴𝗲𝘂𝗿 𝗱𝗲 𝗰𝗵𝗮𝗹𝗲𝘂𝗿 𝗮̀ 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲-𝗰𝗼𝘂𝗿𝗮𝗻𝘁. La chaleur du sang est transférée de l’artère (sang chaud) à la veine (sang refroidi) avant son passage dans les pattes. Le sang continue de circuler dans les pattes, mais la chaleur est retenue dans le corps de l’oiseau, laissant volontairement ses pieds froids.

Ce dispositif permet de réduire le gaspillage énergétique en évitant de chauffer une partie du corps mal isolée. 𝗜𝗹 𝗮 𝗱’𝗮𝗶𝗹𝗹𝗲𝘂𝗿𝘀 𝗶𝗻𝘀𝗽𝗶𝗿𝗲́ 𝗹𝗲𝘀 𝗵𝘂𝗺𝗮𝗶𝗻𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗰𝗵𝗮𝘂𝗳𝗳𝗮𝗴𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗯𝗮̂𝘁𝗶𝗺𝗲𝗻𝘁𝘀 et est probablement aussi à l’origine de l’expression « un froid de canard », comme contraction de « il fait un froid à en geler les pattes d’un canard ».

Une autre explication est liée à la chasse du palmipède. En effet, la saison de la chasse du canard se pratiquait en automne et en hiver, corollairement par temps froid, caillant le chasseur patient et immobile qui attendait sa proie.

Crédits photos :

📸 Kai Taimsalu

Sources :

🌐 Cowb.be (2014), « Les adaptations des oiseaux pour supporter le froid. »

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