Phénomène avéré au niveau mondial, la pollution des eaux par les microplastiques (taille inférieure ou égale à 5 millimètres [mm]) constitue une des problématiques alarmantes à traiter en matière de défense de l’environnement aquatique. Le Léman n’échappe pas à ce phénomène. En effet, plusieurs relevés effectués par le laboratoire GR-CEL de l’EPFL, entre autres, prouvent la présence de diverses matières plastiques dans l’eau.
À l’heure actuelle, les conséquences avérées touchent potentiellement la faune lacustre. Oiseaux, poissons et mammifères sont les premières victimes. L’ingestion de débris peut entraîner l’obstruction des voies digestives et/ou respiratoires, et aboutir à la mort dans le pire des cas.
Une autre conséquence moins visible mais tout aussi problématique est l’ingestion des microplastiques par des organismes plus petits, comme le plancton, les moules, etc. Selon un rapport de l’EPFL, mandaté par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), l’ingestion est un fait avéré. Toutefois, l’impact dans la chaîne alimentaire, à savoir le phénomène de bioaccumulation, est fortement suspecté mais pas encore prouvé. La métabolisation d’additifs présents dans certaines matières plastiques pourrait conduire les organismes situés plus haut dans la chaîne alimentaire à stocker des composants toxiques. En d’autres termes, l’humain, situé en haut de la chaîne alimentaire, pourrait ingérer des quantités très importantes de produits nocifs en consommant des produits du lac, imitant ainsi le même phénomène actuel de bioaccumulation avec divers métaux lourds.
L’ASL a mandaté Earth Action (EA, ci-après) en 2023 pour développer, avec la contribution de l’expertise ASL, un modèle de prédiction de la pollution plastique dans le Léman et de scénarios visant à la réduire, nommé « Léman Plastic Action », LPA ci-après. Il s’agit d’une mise à jour d’une première étude scientifique réalisée en 2018 par le Dr Julien Boucher, fondateur du bureau EA sur mandat de l’ASL. A noter que LPA a contribué au développement de « Swiss Plastic Action », modèle équivalent réalisé à l’échelle suisse et publié en mai 2024.
Le but ultime de cette étude consiste à sensibiliser le public, les autorités et les entreprises à la mise en place de plans d’actions et comme outil d’aide à la décision pour les autorités suisses et françaises.
Précisons que cette étude constitue une approche théorique, une modélisation des flux de plastiques parvenant au lac, basée sur des données existantes (sociales, économiques, démographiques, liées aux modes de vie…), contrairement à « Pla’stock » (2022-2024), autre étude phare de l’ASL qui se réfère à l’analyse et à la valorisation de données acquises sur le terrain pour évaluer les stocks de plastiques déposés sur les plages du Léman (Lémaniques no127, juin 2023).
Se référant à l’étude de 2018 qui a présenté l’origine de la pollution annuelle du Léman par les plastiques, l’objectif principal est ici d’actualiser la quantification des flux de macro- et microplastiques dans le lac par les différentes sources identifiées en intégrant les dernières connaissances et données acquises et d’explorer, dans un second temps, des scénarios de réduction de la pollution plastique envisageable à l’horizon 2040 : les trajectoires d’atténuation potentielles.
Sachant que les actions déjà planifiées ne suffiront pas à éliminer la pollution plastique, il est également attendu que le modèle nous renseigne sur la meilleure stratégie de lutte à adopter (Lémaniques no132, octobre 2024).
C’est dans ce contexte que l’ASL souhaite d’une part, présenter les résultats de ses différentes études et d’autre part connaître ou en est la recherche, savoir quels sont les impacts sur les écosystèmes et la santé humaine et partager cette informations avec le grand public, les autorités, les gestionnaires d’infrastructures, le secteur privé… grâce à une conférence/table ronde sur la thématique du plastique dans le Léman.
Suite à l’étude de 2018, l’ASL a organisé le 21 novembre 2019 un workshop en invitant des scientifiques, gestionnaires d’infrastructures ou responsables d’administrations à se pencher sur la question. Les objectifs sont d’une part d’informer et de faire le point sur l’état de l’art dans notre région et d’autre part de chercher des solutions réalisables dans le but d’initier des projets concrets !
Ci-dessous vous trouverez la vidéo récapitulative de cette journée.
L’ASL a choisi 4 thématiques sur lesquelles les groupes d’experts se sont penchés :
Suite à ces ateliers, un premier projet a été mis sur pied en partenariat avec l’Université de Genève et la CIPEL pour réaliser un inventaire du stock de macro et microplastiques sur les plages du Léman. Plus d’informations
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