Vous les avez sûrement déjà aperçues en naviguant, en vous baignant, en vous promenant ou encore depuis le train entre Vevey et Lausanne… comme des taches d’huile, entourées de zones de vaguelettes qui donnent au Léman une dimension encore plus artistique. Ce phénomène se nomme les nappes de surface. Au fil des siècles, elles ont piqué la curiosité des scientifiques et des artistes, on les retrouve notamment sur certaines peintures de l’artiste suisse Ferdinand Hodler (1853-1918) . En 2023, Mehrshad Foroughan, doctorant de l’EPFL, a pu documenter pour la première fois ce phénomène hydrodynamique après une étude poussée menée au sein du Laboratoire de technologie écologique (ECOL).
Avec sa profondeur de 309 mètres, le Léman abrite de grands et de petits tourbillons qui sont générés par des épisodes de vents. Un vent fort peut déclencher le déplacement des profondes couches d’eau froide et les faire remonter à la surface. C’est la combinaison de ces deux phénomènes qui donne naissance à des nappes de surfaces. Avec une légère brise, on observe facilement des nappes lisses qui en côtoient d’autres plus rugueuses, qui sont des vagues de surface. Merhshad Foroughan a pu analyser et différencier pourquoi les zones lisses résistent étonnamment à ces vaguelettes : cela est dû au fait que l’eau de surface de ces zones est riche en biotensioactifs. Ces derniers proviennent en grande partie de l’activité biologique du phytoplancton et de sources terrestres.
Comprendre la formation de ces phénomènes pourrait améliorer le futur de la gestion des eaux, notamment dans le suivi des micropolluants et des microplastiques.
Tableau : ©️ Der Genfersee von Chexbres aus (Ferdinand Hodler, 1913) / Wikimedia
Photo : ©️ Oksana Bürki / Unsplash