N°66 : Saprolegnia

(J’OBSERVE LES TRUITES QUITTER LE LEMAN) titrait début décembre l’ASL proposant à ses lecteurs d’aller observer ce phénomène particulier. En effet, entre novembre et décembre, 𝗹𝗲𝘀 𝗧𝗿𝘂𝗶𝘁𝗲𝘀 𝘃𝗼𝗻𝘁 𝗾𝘂𝗶𝘁𝘁𝗲𝗿 𝗹’𝗮𝗯𝗼𝗻𝗱𝗮𝗻𝗰𝗲 𝗱’𝗲𝘀𝗽𝗮𝗰𝗲 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗻𝗼𝘂𝗿𝗿𝗶𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗱𝘂 𝗟𝗲́𝗺𝗮𝗻 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗿𝗲𝗺𝗼𝗻𝘁𝗲𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗼𝘂𝗿𝘀 𝗱’𝗲𝗮𝘂 et trouver un lieu favorable à leur reproduction.

S̵a̵p̵r̵o̵l̵e̵g̵n̵i̵a̵. Sapristi. En voilà une qui saute. Mais dis donc, elle n’aurait pas des 𝘁𝗮𝗰𝗵𝗲𝘀 𝗯𝗹𝗮𝗻𝗰𝗵𝗲𝘀 sur le corps ?

Saprolegnia, Oomycetes, Oomycota, Chromista, une belle panoplie de mots qui décrivent ce micro-organisme. Plus simplement, on peut définir, sans trop se faire taper sur les doigts par les biologistes, 𝗹𝗲 𝗴𝗲𝗻𝗿𝗲 𝗦𝗮𝗽𝗿𝗼𝗹𝗲𝗴𝗻𝗶𝗮 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲 𝘂𝗻 𝗽𝘀𝗲𝘂𝗱𝗼-𝗰𝗵𝗮𝗺𝗽𝗶𝗴𝗻𝗼𝗻 𝗮𝗾𝘂𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲.

La classe des Oomycètes est connue pour être la maladie « fongique » (causée par les champignons) la plus répandue chez les poissons. Saprolegnia est un genre de cet ordre. 𝗘𝗹𝗹𝗲 𝗮 𝗳𝗮𝗶𝘁, 𝗰𝗲𝘀 𝗱𝗲𝗿𝗻𝗶𝗲̀𝗿𝗲𝘀 𝗮𝗻𝗻𝗲́𝗲𝘀, 𝗹𝗲𝘀 𝗴𝗿𝗼𝘀 𝘁𝗶𝘁𝗿𝗲𝘀 en s’attaquant à la Truite, notamment dans le Doubs. Mais le champignon affectionne également l’Ombre et la Loche.

Le genre est souvent présenté comme un 𝗼𝗽𝗽𝗼𝗿𝘁𝘂𝗻𝗶𝘀𝘁𝗲 𝘀𝗮𝗽𝗿𝗼𝗽𝗵𝘆𝘁𝗲. C’est-à-dire qu’elle se nourrit de matière organique inerte comme les œufs de poissons morts. Cependant, certaines espèces sont 𝗽𝗮𝗿𝗮𝘀𝗶𝘁𝗲𝘀, se nourrissant au dépens d’un « hôte » vivant.

Le champignon va attaquer la muqueuse et l’épiderme du poisson, 𝗮𝘂𝘁𝗿𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗶𝘁 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝘂𝗰𝗵𝗲 𝗲𝗻𝘁𝗿𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗲́𝗰𝗮𝗶𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗹𝗮 𝗰𝗵𝗮𝗶𝗿. Le poisson infecté présente des tapis fongiques de différentes couleurs. Alors que la coloration 𝗴𝗿𝗶𝘀𝗲 (voire brune ou verte) suggère une infection chronique salie par les particules dans l’eau et les algues, l’aspect 𝗯𝗹𝗮𝗻𝗰 « coton » indique une infection aigue.

La plupart des Truites qui frayent (remontent les affluents du Léman pour se reproduire) sont infestées par le champignon. Le plus souvent, 𝗹𝗲 𝗽𝗼𝗶𝘀𝘀𝗼𝗻 𝗲𝗻 𝗯𝗼𝗻𝗻𝗲 𝘀𝗮𝗻𝘁𝗲́ 𝗹𝘂𝗶 𝗿𝗲́𝘀𝗶𝘀𝘁𝗲. Cependant, le genre Saprolegnia peut devenir mortel pour les Truites fatiguées par le voyage et la formation de leurs frayères en remuant le gravier. Cette affaiblissement par Saprolegnia peut aussi constituer une porte d’entrée à d’autres agents pathogènes.

Certaines de ses souches sont même directement mortelles pour le poisson. C’est le cas de Saprolegnia Parasitica qui sévit depuis une dizaine d’année dans le Doubs mais également observés dans d’autres rivières comme la Versoix. Pas de panique de notre côté, 𝗹𝗲 𝗴𝗲𝗻𝗿𝗲 𝗦𝗮𝗽𝗿𝗼𝗹𝗲𝗴𝗻𝗶𝗮 𝗻𝗲 𝗿𝗲𝗽𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗻𝘁𝗲 𝗮𝘂𝗰𝘂𝗻 𝗱𝗮𝗻𝗴𝗲𝗿 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗮 𝘀𝗮𝗻𝘁𝗲́ 𝗵𝘂𝗺𝗮𝗶𝗻𝗲.

Crédits photos :

📸 Humbert ENS, Berrebi ONEMA

Sources :

🌐 B. Austin (2012), “Bacteria and bacteriophages as biological agents for disease control in aquaculture”, in. Infectious Disease in Aquaculture : Prevention and Control, 353-393
🌐 J. Meyer, T. M. Donnely (2013), “Saprolegniasis”, in. Clinical Veterinary Advisor : Birds and Exotic pets, 64-65.
🌐 RTS (2014), “La mycose Saprolegnia identifiée dans l’Aar, l’Inn et la Versoix”
🌐 Le Temps (2012), “Un chanpignon tueur accable les poissons du Doubs, de la Loue et de la Sorne”

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