Les animaux vivant au fond du Léman font partie de la faune que l’on appelle ‘benthique’. On peut y trouver des mollusques, crustacés, larves, et vers, qui sont généralement visibles à l’œil nu mais de plutôt petite taille.
L’Anodonte fait partie des invertébrés benthiques les plus grands du Léman ; en effet, c’est le plus grand coquillage d’eau douce, pouvant atteindre jusqu’à 15cm de long.
Elle vit dans les fonds vaseux de l’eau, et se déplace (extrêmement lentement…) grâce à une sorte de ‘pied’ unique. Elle vit souvent partiellement enfouie dans la vase, et préfère des eaux relativement profondes pour se cacher des prédateurs. L’espèce est aussi connue sous le nom de la moule d’eau douce. Mais pour information aux éventuel.les gastronomes intéressé.es – les Anodontes ont tendance à prendre le goût de leur habitat … vaseux.
L’Anodonte entretient une relation bénéfique avec la Bouvière, poisson vivant dans les étangs genevois et le Rhône. La Bouvière a besoin de l’Anodonte pour se reproduire. La femelle va déposer ses œufs dans une Anodonte, puis le mâle libère sa semence dans l’eau. L’Anodonte aspire cette eau pour la filtrer, permettant ainsi la fécondation des œufs! Ils sont protégés de la prédation, et fournis en oxygène. Les alevins de Bouvières quittent l’Anodonte après 2 ou 3 semaines. Les larves d’Anodonte, à leur tour, se dispersent en se fixant sur les poissons.
On estime leur durée de vie à environ 30 ans, ce qui est plutôt long pour un organisme benthique. Néanmoins, c’est peu pour un bivalve (mollusque dont le corps est protégé par deux coquilles , comme l’Anodonte). Certains, comme la Moule perlière d’eau douce, que l’on trouve au Canada, aux Etats-Unis et en Russie, peuvent vivre jusqu’à plus de 150 ans !
L’Anodonte se nourrit de particules organiques en suspension dans l’eau, qu’elle filtre en aspirant puis rejetant de grandes quantités d’eau – jusqu’à 50 litres par jour ! Elle participe ainsi à la purification de l’eau, en retirant les particules en suspension d’origine organique et inorganique. D’ailleurs, l’Anodonte est un excellent bio-indicateur ; c’est l’une des premières touchées lors d’une éventuelle pollution, et la dernière à la fuir. Étudier sa population permet donc de surveiller la qualité de l’eau, d’autant plus que sa longévité permet d’étudier les effets à long terme de certains polluants.
Crédit photo: Martin Vranken
Informations : Université de Neuchâtel, Maison de la Nature, Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et la flore Subaquatiques (DORIS)