N°95 : Les pierres du Niton : du rite à la géographie

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Les pierres du Niton sont deux rochers emblématiques de la rade de Genève, on y trouve la pierre Dyolin et la pierre du Niton. Ces blocs renferment une histoire palpitante puisqu’ils se sont déposés durant l’ère glaciaire à la fin du Pléistocène, il y a environ 19 000 ans et ont traversé différentes ères de l’histoire humaine. L’âge de ces pierres est estimé à quelques 320 million d’années ce qui correspond à l’âge du massif du Mont-Blanc dont elles proviendraient. De ces deux pierres, c’est celle du Niton dont on retiendra l’importance.

D’abord emblèmes symboliques de la rade de Genève, ces pierres ont été utilisées comme repère lacustre afin de surveiller le niveau du lac. Au 18ème siècle, de nombreuses infrastructures furent développées aux abords du lac et cibles de critiques. Les pierres du Niton ont aidé à démontrer que certaines de ces infrastructures telle que la machine hydraulique du pont de la machine à Genève n’a pas eu d’effet sur la rétention d’eau et donc sur le niveau du lac. Cependant, c’est surtout en tant que repère géographique que les pierres du Niton prennent une reconnaissance au niveau fédéral. En effet, au 19ème siècle, l’une des deux pierres, celle du Niton, est utilisée comme point de repère topographique par plusieurs géographes. Elle est notamment utilisée pour l’élaboration de la carte Dufour et la carte Siegfried, permettant d’estimer le nivellement de la Suisse. C’est au 20ème siècle que l’altitude de la pierre du Niton est réévaluée à l’altitude emblématique de 373,6 mètres, et qui a servi de référence pour une actualisation de l’altimétrie suisse.

En 2012, les pierres du Niton sont classées comme géotope suisse, dont les intérêts principaux sont géomorphologiques, historiques et géoculturels.

Sujets de mythes et légendes, l’étymologie du mot Niton reste toujours mystérieuse. Niton pourrait provenir de Neptune ou bien même de Neith, déesse égyptienne. L’hypothèse la plus poussée reste cependant Neiton, qui en patois vaudois veut dire diable. En 1660, deux haches ont été retrouvées datant de l’âge de Bronze, ainsi que des cupules, qui sont des inscriptions géométriques sur la surface des pierres, témoignant de l’historicité et de l’importance culturelle de celles-ci. Ces pierres apparaissent dans de nombreuses peintures et croquis du Lac, dont notamment La Pêche miraculeuse (1444) de Konrad Witz.

La pêche miraculeuse de Konrad Witz © Licence creative commons

Vous connaissez maintenant une partie de l’histoire des pierres du Niton, emblèmes phares du paysage genevois et plus largement suisse. Géotopes à dimensions multiples, vous pouvez en apprendre davantage sur les pierres du Niton en suivant les liens ci-dessous :

https://www.ge.ch/teaser/repere-pierre-du-niton

https://www.swisstopo.admin.ch/fr/connaissances-faits/mensuration-geodesie/questions.html#ui-collapse-119

Source :

Sesiano, J., Schnyder, C., Proz, P. A., Gnos, E., & Schaltegger, U. (2011). Les Pierres du Niton revisitées: soubassement, minéralogie, datation et origine. Archives des Sciences64, 81-90. https://www.unige.ch/sphn/Publications/ArchivesSciences/AdS%202004-2015/AdS%202011%20Vol%2064%20Fasc%201/081-090_Sesiano%2064_1.pdf

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