N°68 : La Mouette c’est la femelle du Goéland ?

De quel genre est la féra ? Alors que les biologistes vous répondront du genre Coregonus, les linguistes francophones vous diront féminin : on dit LA Féra. Oui, mais ne dit-on pas LE Corégone ? répondront les biologistes taquins. 𝗗’𝗼𝘂̀ 𝘃𝗶𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗼𝗻𝗰 𝗹’𝗮𝘁𝘁𝗿𝗶𝗯𝘂𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝘂 𝗴𝗲𝗻𝗿𝗲 𝗴𝗿𝗮𝗺𝗺𝗮𝘁𝗶𝗰𝗮𝗹 𝗮𝘂𝘅 𝗻𝗼𝗺𝘀 𝗱’𝗮𝗻𝗶𝗺𝗮𝘂𝘅 𝗲𝗻 𝗳𝗿𝗮𝗻𝗰̧𝗮𝗶𝘀.

Le genre biologique ne joue aucun rôle dans l’attribution du déterminant comme on a pu le voir avec l’exemple de la Féra. En fait, la répartition des genres grammaticaux est souvent arbitraire et non motivée. La plupart des noms d’animaux ne varie pas en genre et 𝘂𝗻𝗲 𝘀𝗲𝘂𝗹𝗲 𝗳𝗼𝗿𝗺𝗲 𝘀𝗲𝗿𝘁 𝗮̀ 𝗱𝗲́𝘀𝗶𝗴𝗻𝗲𝗿 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝗯𝗶𝗲𝗻 𝗹𝗲 𝗺𝗮̂𝗹𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗮 𝗳𝗲𝗺𝗲𝗹𝗹𝗲.

C’est à ce moment que les adeptes des quiz « les femelles des animaux » feront leur entrée : 𝗲𝘁 𝗹𝗮 𝗰𝗮𝗻𝗲 𝗰’𝗲𝘀𝘁 𝗯𝗶𝗲𝗻 𝗹𝗮 𝗳𝗲𝗺𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗱𝘂 𝗰𝗮𝗻𝗮𝗿𝗱 ? Il existe effectivement certaines espèces dont le genre grammatical se réfère au sexe de l’animal dans la langue courante. Parmi ceux-ci, on observe deux types de construction de l’opposition mâle/femelle.

Pour certaines espèces, la femelle se distingue par une féminisation du nom (changement du déterminant). Par exemple : le lapin et la lapine. D’autres espèces possèdent un nom distinct pour différencier le mâle de la femelle. Par exemple : le 𝗰𝗮𝗻𝗮𝗿𝗱 𝗰𝗼𝗹𝘃𝗲𝗿𝘁 𝗲𝘁 𝗹𝗮 𝗰𝗮𝗻𝗲 𝗰𝗼𝗹𝘃𝗲𝗿𝘁, le coq de bruyère et la poule de bruyère.

Pour la plupart des espèces, on utilise le même déterminant pour les deux sexes et si l’on veut les distinguer, il faut alors ajouter les adjectifs mâle et femelle. Par exemple, on dira un Brochet mâle et un Brochet femelle. De même, 𝘂𝗻𝗲 𝗧𝗿𝘂𝗶𝘁𝗲 𝗺𝗮̂𝗹𝗲 𝗲𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗧𝗿𝘂𝗶𝘁𝗲 𝗳𝗲𝗺𝗲𝗹𝗹𝗲. C’est également la nomenclature utilisée en langage scientifique, qui parle de Canard colvert mâle et femelle.

𝗣𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗰𝗲𝗿𝘁𝗮𝗶𝗻𝗲𝘀 𝗲𝘀𝗽𝗲̀𝗰𝗲𝘀 𝗽𝗼𝘀𝘀𝗲̀𝗱𝗲𝗻𝘁-𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝘂𝗻 𝗻𝗼𝗺 𝗱𝗶𝗳𝗳𝗲́𝗿𝗲𝗻𝘁 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗮 𝗳𝗲𝗺𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗲𝘁 𝗹𝗲 𝗺𝗮̂𝗹𝗲 ? Est-ce dû à une différence d’apparence entre le mâle et la femelle ? Et bien non. Par exemple, les différences visuelles entre le Fuligule morillon mâle et femelle sont bien plus importantes que celles que l’on peut observer entre le lapin et la lapine.

En fait, on remarque que l’existence dans la langue française de termes distincts pour le mâle et la femelle d’une même espèce existe principalement pour des espèces 𝗶𝘀𝘀𝘂𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹’𝘂𝗻𝗶𝘃𝗲𝗿𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗵𝗮𝘀𝘀𝗲 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗹’𝗲́𝗹𝗲𝘃𝗮𝗴𝗲. L’être humain, au fil de la fréquentation de ces espèces (souvent des mammifères), leur a attribué cette dénomination par sexe et même par âge (sanglier, laie, marcassin par exemple).

Tout ceci s’est donc construit culturellement dans la langue française au fil des usages. 𝗗𝗮𝗻𝘀 𝗱’𝗮𝘂𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗹𝗮𝗻𝗴𝘂𝗲𝘀, on observe que le Canard Colvert devient die Stockente en allemand pour revenir au masculin en italien : il Germano Reale.

Et donc, 𝗹𝗮 𝗠𝗼𝘂𝗲𝘁𝘁𝗲, 𝗰’𝗲𝘀𝘁 𝗹𝗮 𝗳𝗲𝗺𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗱𝘂 𝗚𝗼𝗲́𝗹𝗮𝗻𝗱 ? La réponse est non, chacun étant une espèce bien distincte. La question devient même absurde dans le cas des espèces hermaphrodites comme le Corbicule et la Planorbe, observables dans le Léman.

Crédits photos :

📸 Kai Taimsalu

🌐 J. Dubois (1989), le genre dans les noms d’animaux, Linx
🌐 S.D. Bernardina (2012), « Les joies du taximonistes : classer, reclasser, déclasser », Aux frontières de l’animal.
🌐 Orthodidacte, genre des noms d’animaux


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