N°18 : L’Ablette, la perle des poissons

Ce petit poisson indigène du Léman, est de nos jours pêché et dégusté comme friture dans les restaurants. Avant de devenir un mets, ce poisson était pêché afin de fabriquer des fausses perles.
Selon la légende contée par son arrière-petit-fils, Maître Jaquin serait l’inventeur de cette substance au 17 ème siècle. Renommé pour ses bijoux en fausses perles, Maître Jaquin sombrait dans le désespoir lors de chaque vente. En effet, il savait que ses perles colorées au mercure, provoquaient des émanations toxiques et pouvaient dégrader la santé des dames les mieux parées. Lorsque son fils épousa la fille de son voisin, et qu’elle formula le voeu d’obtenir une de ces créations, la légende dit que Jacquin fût envahie de sueurs froides. Afin d’éviter cette intoxication à sa future belle-fille, il partit réfléchir au bord de la Seine. Son attention fût retenue par des reflets irisés provenant d’une bande d’Ablettes et il eut l’idée d’extraire leurs écailles. Après quelques essais, il mit au point une substance nommée l’« essence d’Orient».
Ce procédé consiste à piler et réduire en bouillie les écailles argentées dans de l’eau renouvelée qu’un ouvrier tournait et tournait sans trêve. Puis cette bouillie était tamisée et conservée dans de l’ammoniaque. Plus cette bouillie était vieille, plus elle était précieuse. Puis, il fallait la sécher à l’aide d’un chalumeau et l’insuffler dans des globules de verre ronds ou ovales, selon la forme de la perle.
Entre le 19ème et le 20ème une autre méthode vit le jour sur les rives du Léman. Elle consistait à appliquer par bains successifs cette bouillie nacrée à des billes en verre. En Savoie, seules les écailles étaient exportées pour Paris.
Pour 1 kilo d’écailles ventrales, les seules utilisables, il fallait 40 kilos d’Ablettes.

La demande augmentant, les quotas de prise passent de 15 à 10 cm afin d’augmenter la pêche dans le Léman. Des techniques de pêches interdites se multiplièrent tout en trompant la vigilance des gardes pêches. Ainsi durant le mois de février 1941, deux pêcheurs prirent près de 21 tonnes d’Ablettes.
Pendant la seconde guerre mondiale, ces Ablettes écaillées étaient vendues comme nourriture. Sinon elles étaient données aux cochons ou enterrées comme engrais dans les jardins.
Aujourd’hui, il est possible de trouver des perles d’imitations appelées perles de Majorque ou irisées. Elles sont fabriquées à partir de diverses matières tels que le verre, la céramique, la coquille ou même le plastique. Il reste quelques entreprises qui continuent d’utiliser les écailles d’Ablettes, mais avec de nouveaux procédés.

Informations tirées du livre 1000 ans de pêche en Suisse romande et de L’invention de l’ « essence d’Orient ».

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